Le manque de main-d’œuvre qualifiée dans les secteurs de la santé et de la construction au Canada préoccupe depuis des années, et des développements récents poussent à des solutions attendues depuis longtemps. Pour combler ce manque persistant, le gouvernement fédéral a annoncé des investissements supplémentaires pouvant atteindre 52 millions de dollars dans le cadre du Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers (PTCE), avec un financement réparti entre 16 projets. Ces initiatives visent à simplifier la reconnaissance des titres de compétences des professionnels formés à l’étranger et à accélérer leur intégration sur le marché du travail canadien. Le PTCE est un programme du gouvernement canadien qui vise à aider les travailleurs étrangers qualifiés à faire reconnaître leurs titres de compétences au Canada. Il s’adresse aux professionnels formés à l’étranger qui souhaitent travailler au Canada.
Il ne s’agit pas seulement d’embaucher plus de travailleurs, mais aussi de donner aux nouveaux arrivants qualifiés les moyens de réussir, de réduire les évaluations redondantes et de veiller à ce que les professionnels qualifiés ne se perdent pas dans un dédale de formalités administratives. Des ambulanciers paramédicaux aux soudeurs, en passant par les infirmières psychiatriques et les travailleurs sociaux, ces projets signalent un changement coordonné vers une main-d’œuvre plus efficace, inclusive et équitable.
Accélération de l’intégration des professionnels de la santé dans le système
Les soins de santé restent le domaine où les besoins sont les plus urgents. L’une des allocations les plus notables a été accordée à l’Université McMaster, qui a reçu jusqu’à 4,09 millions de dollars pour aider 500 infirmières formées à l’étranger (IFE) nouvellement autorisées à s’intégrer à la main-d’œuvre dans plusieurs provinces. L’université créera également de nouveaux outils de formation et de partage de l’information pour soutenir les nouveaux arrivants et les employeurs. Cela s’appuie sur une initiative antérieure qui a permis à 300 IFE de trouver un emploi valorisant en Ontario.
Un autre projet de grande envergure provient du Conseil multiculturel de Halton, qui guidera 600 professionnels de la santé formés à l’étranger, dont 180 placements, grâce à un mentorat professionnel, une aide à l’emploi et une collaboration avec les employeurs. Ce projet s’est vu allouer 2,83 millions de dollars.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a adopté une approche plus large avec un projet de 10 millions de dollars ciblant 460 professionnels de la santé, 100 enseignants certifiés intérimairement et 1 000 travailleurs qualifiés, en mettant l’accent sur le soutien à plusieurs professions réglementées afin de réduire les arriérés et les obstacles.
De plus, les organismes de réglementation des infirmières et infirmiers psychiatres autorisés du Canada ont reçu plus de 1,28 million de dollars pour créer des voies d’accès à la profession d’infirmière ou infirmier psychiatrique au Canada atlantique. Cela fait suite à une étude de faisabilité menée de 2021 à 2023 et répond directement aux pénuries de main-d’œuvre dans les soins de santé mentale.
Des projets ont également ciblé d’autres professionnels de la santé, comme les ambulanciers paramédicaux, l’Organisation canadienne des organismes de réglementation des ambulanciers paramédicaux ayant reçu 670 072 $. Son initiative vise à réduire de moitié le temps d’évaluation des titres de compétences des ambulanciers paramédicaux formés à l’étranger, en particulier les candidats francophones, en s’alignant sur un nouveau cadre de compétences canadien et en créant des voies accélérées préapprouvées.
Pour soutenir les technologues en radiologie médicale formés à l’étranger, le British Columbia Institute of Technology (BCIT) met au point le premier programme d’intégration de l’Ouest canadien. Grâce à un financement de 993 000 $, le BCIT vise à faire graduer 24 technologues en radiologie médicale formés à l’étranger par année, entièrement certifiés et prêts à répondre aux normes de qualification nationales.
Combler les lacunes dans les métiers spécialisés et la construction
La demande de travailleurs de la construction, surtout dans le secteur du logement résidentiel et des infrastructures, a poussé le gouvernement à se concentrer fortement sur les métiers. ECO Canada a obtenu le montant de financement individuel le plus élevé, soit 10 millions de dollars, pour aider 300 nouveaux arrivants qualifiés (y compris les ingénieurs, les techniciens en CVC et les électriciens) à obtenir des emplois verts. Ces rôles font partie de la stratégie de logement du Canada et de ses objectifs environnementaux, avec un soutien comprenant des subventions salariales, des stages et une formation des employeurs axée sur la diversité.
De même, Services aux femmes nouvellement arrivées de Toronto soutiendra 1 000 femmes nouvellement arrivées sur cinq ans grâce à des stages, à de la formation et à des plans individualisés dans le secteur de la construction, en mettant un accent particulier sur celles qui possèdent des antécédents techniques ou en ingénierie. Elles ont également reçu 10 millions de dollars.
Centre for Skills soutient 400 nouveaux arrivants en Ontario, offrant l’évaluation des titres de compétences, des services d’emploi gérés par des cas et une formation linguistique spécifique aux métiers, financés à 2,25 millions de dollars.
Des initiatives plus petites mais ciblées, comme celle de la Construction Association of PEI, ont reçu 1,28 million de dollars pour aider 60 nouveaux arrivants qualifiés à effectuer la transition grâce à la formation, aux stages et à la certification Sceau rouge.
Le Bureau canadien de soudage vise l’inclusion dans le soudage grâce à une formation spécialisée pour 100 participants, en donnant la priorité aux jeunes, aux femmes, aux personnes handicapées et aux personnes racisées. Grâce à un financement de 901 072 $, ce projet collaborera avec des organismes de sécurité et d’emploi pour offrir du perfectionnement professionnel, du placement et une certification.
Le gouvernement de l’Alberta, avec 2,62 millions de dollars, s’attaque aux pénuries de main-d’œuvre dans le secteur de la construction en s’associant aux autorités nationales en matière d’apprentissage pour simplifier la reconnaissance des titres de compétences pour jusqu’à huit métiers du Sceau rouge, tels que les charpentiers, les électriciens, les mécaniciens de chantier et les couvreurs. Leur approche permettra d’élaborer des normes provinciales, ce qui facilitera la qualification des nouveaux arrivants dans les métiers réglementés.
Renforcement des organismes de réglementation et modernisation des systèmes de reconnaissance des titres de compétences
L’amélioration des systèmes de réglementation est essentielle pour garantir que les nouveaux arrivants ne soient pas pris au piège d’un réseau de règles dépassées. L’Association des organismes de réglementation de l’ergothérapie du Canada (ACOTRO) a reçu 3,33 millions de dollars pour revoir son système d’évaluation des titres de compétences pour les ergothérapeutes étrangers. Un nouveau portail d’inscription, des outils d’évaluation révisés et des critères d’évaluation éducatifs contribueront à réduire le temps d’évaluation des titres de compétences et à préévaluer les candidats avant même leur arrivée au Canada.
De même, l’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS) utilise ses 281 892 $ pour mettre à jour ses services d’évaluation, créer un centre d’immigration et offrir des ressources en ligne aux travailleurs sociaux formés à l’étranger qui naviguent dans le processus de reconnaissance.
Les Organismes de réglementation de l’architecture au Canada (ORAC) vont remanier le programme d’architecte étranger ayant une vaste expérience (AEVE) en utilisant 458 000 $, éliminant l’exigence d’expérience canadienne de six mois et réduisant le temps d’octroi de permis de cinq ans à un an seulement. Cela comprend des stages intensifs et un processus d’entrevue restructuré pour les architectes ayant une expérience internationale.
Enfin, la Construction Foundation of BC dirige une initiative de 700 000 $ visant à créer trois voies de certification — directe, de perfectionnement et de remplacement — pour 100 nouveaux arrivants ayant de l’expérience dans les métiers, combinées à un encadrement personnalisé et à des programmes de langue liés aux métiers. Le cadre est conçu pour être reproductible partout au Canada.